Il y a environ deux
siècles et demi, l’humanité est subitement entrée dans une période de
développement accéléré et généralisé : ce phénomène concerne tant la
démographie que l’économie, mais encore le savoir-faire technologique,
les connaissances scientifiques... Il s’est accompagné d’innombrables
événements, voire de faits sociaux majeurs que l’on peut observer ça et
là (ex. développement et sous-développement, migrations humaines,
déforestations, etc.). Ceux-ci, pour tout aussi importants qu’ils
soient, ne constituent que des épiphénomènes de ce que je nomme ici la
révolution moderne ; ils représentent autant d’arbres qui cachent la
forêt. Ce bouleversement (à tout le moins certaines de ses composantes
notables), semble se calmer à présent.
On peut aborder notre modernité sous divers angles, la décrire de
manières différentes, multiples. Certains de ses aspects fondamentaux
sont décrits dans ce recueil de textes, la plupart déjà publiés.
Récapitulons les éléments de ce recueil.
D’abord, le principal, inédit : la révolution moderne esquisse d’une
approche globale. Je tente de réaliser ici une étude parallèle des deux
éléments fondamentaux de la modernité : le capitalisme et l’Etat-nation.
Il ne peut s’agir ici, bien-sûr, que d’une étude sommaire, une
synthèse, eu égard à la nature concise de cet ouvrage. Une annexe suit :
postmodernisme ou néo-romantisme ? , dans laquelle sont évoqués
quelques-uns des notables aspects idéologiques de ce même phénomènes.
Schématiquement, si le texte principal est consacré à l’infrastructure
matérielle, économico-politique, de la modernité, son annexe rend compte
de quelques aspects de sa superstructure idéologique.
Un texte sensiblement plus ancien est reproduit ensuite : naissance vie
et mort du salariat. Il s’agit d’un article qui a été publié en 1994
(les références suivent). A l’époque, j’avais été frappé par certaines
similitudes entre deux formes de paupérisme : celui qui s’était
manifesté en Occident il y a deux siècle, au début de la révolution
industrielle, et celui qui est apparu au même endroit bien plus
récemment (avec le prolifération des SDF, le quart-monde). La
comparaison des deux apparaît édifiante.
Durant plus de sept décennies, de 1917 à 1991, en marge du grand
phénomène de développement capitaliste qui caractérise la modernité,
l’Union soviétique a semblé représenter une formation
politico-économique atypique, voire, pour beaucoup, une alternative. Une
étude sur la nature de l’URSS, mise en perspective dans le cadre de la
modernité, est reproduite ici (publiée en 1997).
Puis c’est l’incendie de novembre, une rapide analyse de la rébellion
des jeunes banlieusards français du mois de novembre 2005, un événement
qui, certes, peut paraître très secondaire par rapport à la grande
révolution moderne, toutefois qui, lui aussi, est mis en perspective
dans ce cadre plus général.
Le recueil se poursuit par une courte biographie consacrée à un
singulier "nouveau philosophe". Ce dernier texte est intitulé
M. Bernard-Henri Lévy, un grand combattant contre le totalitarisme. Nous
vérifierons en effet que, à travers ce personnage très représentatif,
il est possible d’approcher quelques aspects intéressants de la
modernité dans sa plus récente phase.
Enfin, en conclusion, figure une étude générale et théorique consacrée
aux particularités et particularismes humains. Ces derniers, en effet
revêtent une grande importance dans notre modernité.
Une dernière chose. Dans l’ensemble de cet ouvrage sont évoqués
indifféremment les termes modernité ou révolution moderne (voire parfois
Modernisation) pour décrire le même phénomène. D’une manière
équivalente on peut encore parler, indifféremment, de révolution
industrielle ou d’Industrialisation. Il ne s’agit ici que d’un simple
procédé littéraire, la modernité, pour ce qui la concerne, étant d’abord
révolution, révolution permanente… Nous aurons l’occasion de le
vérifier. Djémil Kessous |